DES HOMMES & DES PLANTES
SOUMAILA KANLA
Aujourd’hui, j’ai la chance de vous partager un entretien avec Soumaïla Kanla….
Il était intéressant pour moi ,une fois de plus d’évoquer les arbres, les plantes mais cette fois-ci avec une connotation plus artistique.
En guise d'introduction, voila le proverbe qui m’a inspiré en m’attardant sur Monsieur Kanla..
l y a la nature qui est la chose que Dieu fait immédiatement et il y a l'art qui est la chose que Dieu fait à travers le cerveau de l'homme.
Bonjour Soumaïla, pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre parcours?
Bonjour je m'appelle Soumaïla Kanla, Designer, Ebeniste, spécialisé dans la recherche et l'utilisation du bois mort en bois d'œuvre. L'utilisation du bois mort est une solution que j'ai trouvé pour faire mon travail d'ébénisterie et de design tout en essayant d'impacter le moins possible l'environnement.
Nous allons revenir ultérieurement sur cette notion d’environnement mais pour comprendre cette du bois mort, est il plus facile à travailler ou est ce un choix pour préserver l'environnement?
Le choix de ce matériau pour moi est déjà un acte patriotique (transformer la matière première locale, disponible et inexploitée). Le Burkina étant un pays sahélien, il est inconcevable pour nous d'abattre des arbres verts pour en faire du bois d'œuvre. Le Burkina étant un pays sahélien, il est inconcevable pour nous d'abattre des arbres verts pour en faire du bois d'œuvre. Le souci de protéger ce que nous n'avons pas en grande quantité, et qui met beaucoup d'année à grandir.
Qu'est ce qui vous a motivé dans chacune de vos étapes? -
Le "Bois mort en bois d'œuvre" Le bois mort ou particulièrement le bois desséché naturellement. C'est le cas du bois mort au Burkina, un matériau difficile à travailler comme beaucoup de bois exotiques. En plus il demande un grand nettoyage avant parce qu'il peut contenir de la silice ou de la terre amenée par les termites.
Quel est votre avis sur ces forêts qui sont vendues aux européens? sur l'accaparement des terres?
Les forêts et tout ce qu'elles contiennent, sont en premier lieu les biens de populations locales et riveraines, la vente des forêts vient du fait que les propriétaires des forêts ne savent pas estimer la valeur et même s'ils savent le faire ils n'ont pas les moyens de les transformer ou de les valoriser sur place. L'ignorance sur les droits des propriétés font aussi que des familles entières se font déposséder de leurs terre. coup la porte ouverte pour les sociétés en recherche de bois précieux d'Afrique (avec une éthique environnemental où pas). Peut-ont vraiment lutter contre la pauvreté en continuant à nous assister, la pauvreté pour moi est le facteur majeur qui amène quelqu'un à vendre la terre de ses ancêtres.
Qui sont vos principaux clients? des amateurs d'art ou des défenseurs de la nature?
Beaucoup de nos clients sont d'abord interpellés par le travail et la beauté du bois. Des belles veines, des couleurs sublimes et inimaginables sont les atouts du matériau que nous avons choisi. Après la présentation de nos produits, du style de fabrication, de la provenance de la matière première et la philosophie de l'entreprise. Nous nous rendons compte que nous sommes à la fois tous intéressés et sensibles à ce bien précieux que nous avons en commun, qui est la nature. Et également que les amateurs d'art peuvent être des défenseurs de l'environnement.
Associez vous à vos activités un message plus environnemental ou artistique? ou les deux?
Le Materiau bois mort en Bois d'œuvre est la clé de présentation de nos produits. Nous nous servons de l'art pour entrer en communication sur le sujet de l'environnement et de la richesse de l'éco-système sahélien, sa fragilité et aussi sa sauvegarde.
L'environnement n'est il pas une forme d'art laissé en friche?
L'art se trouve partout, certains de nos produits sont juste une présentation adaptée à nos intérieurs d'objets chinés dans la brousse.
- De retour au Burkina Faso, comment avez vous perçu le regard de vos proches et des Burkinabés dans l'ensemble sur votre art? - comment la famille africaine considère l'art dans son quotidien? et sinon, comment lui faire changer de perspective sur l'art?
Pour faire ce que je fais c'est déjà être fou. On ne va pas en France pour revenir être bûcheron ou sculpteur. L'art qui sort du figuratif* et de l'utilitaire est vu en second plan. Les abstraits sont une sorte d'objet inutile crée pour le plaisir des occidentaux, ou des africains qui vivent comme eux. J'ai dû adapter mes créations pour essayer de faire des objets qui plaisent à la fois au Burkina mais aussi aux occidentaux.
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Quelle est la relation de votre famille étendue sur la sensibilisation à la biodiversité? le fait que vous utilisiez le bois mort a t-il fait changer de regard vos proches sur l'importance des arbres et de la préservation de la biodiversité?
L'art n'a d'utilité que s'il nourrit son homme. Quelqu'en soit le type d'art, l'important c'est d'en vivre. En ce moment nous sommes accepté par la société. Je reçois avec plaisir tous les bouts de bois que beaucoup décident de me donner ou de me vendre au lieu de le brûler. À travers notre travail sur le bois nous sommes arrivé à sensibiliser les gens quant à l’importance de la plantation d'arbres. Notre pépinière collée à l'atelier interpelle nos clients et visiteurs sur le principe du Bois mort en bois d'œuvre. De la récupération du bois mort et non l'abattage d'arbres vivants pour la production du bois d'œuvre ou de charbon de bois. De la mise à disposition et la vente de plantes endémiques rarement plantées comme le palissandre du Sénégal.
- Quelles sont les raisons avancées lorsque vous expliquez utiliser essentiellement du bois mort?
Dans un pays comme le nôtre nous ne pouvons pas abattre des arbres verts pour le bois d'œuvre sauf des arbres issus de plantations privées. C'est la raison première, le bois mort est destiné à être brulé, le récupérer pour nous est un acte citoyen.
le travail sur le bois est il une étape ou est il la finalité de vos multiples expériences?
Le travailler pour moi c'est un rêve qui se réalise, il me semble avoir encore pleins d'autres rêves à vivre tout en continuant d'explorer le bois mort
Vous avez coordonné des créations vestimentaires à partir de produits locaux. cette création a t-elle eu des répercussions sur lesdites matières? une meilleure préservation? Une autre utilisation?
Le coton local était le matériau de base pour les créations vestimentaires en partenariat avec Association Art Expo, la galerie d'art du Gulmu et les couturiers de la Fada N'Gourma*. Ce style vestimentaire prend de plus en plus de l'ampleur et dépasse les objectifs que nous nous étions fixés. De plus en plus de créateurs intègrent la cotonnade locale dans leurs créations. Nous n'avons pas été à l'origine de cette mode, elle est venue des idées avant-gardiste de notre père de la révolution Thomas Sankara*.
- Vous faites également de la récupération? est ce que cela peut servir de "communication" pour permettre le recyclage?
Nous intégrons la communication dans tout le process de fabrication, de la récupération du bois dans la brousse, à sa transformation et sa commercialisation. Notre travail est à la base de la sensibilisation pour la protection de l'environnement.
Pourriez- vous expliquer comment vous vous faites pour acquérir ce bois? quelles contraintes?
Nous prenons une autorisation auprès des services forestiers pour la récupération des bois morts. Nous rachetons du bois de chauffe auprès de fournisseurs locaux, sous conditions de présentation de documents officiels, incitant ainsi les bûcherons à se munir de documents légaux.
Vous tenez-vous au courant également de toutes initiatives faites en ce sens, par exemple, l'’association franco-sénégalaise "Terre et culture solidaires"* qui récupère des déchets plastiques, dont des pneus usés, pour fabriquer des bancs pour les écoles, ou la fabrication de tissu d’écorce? Qu'est ce que cela vous inspire?
Avec les réseaux sociaux, on n'échappe pas à la grande communication. On en devient même addict. Je découvre Terres et Cultures Solidaires, à travers cet interview, dont je salue la volonté de promouvoir un développement basé sur les besoins réels des populations. Mais il me revient de demander à mes frères de prendre leurs responsabilités. Nous sommes un continent si riche qu'on ne devrait pas nous aider pour nous en sortir. Cela passe effectivement par la formation et la volonté de tout un chacun de voir ses propres conditions de vie s'améliorer. Toutes les actions éthiques menées pour l'amélioration des conditions de vie et de protection de l'environnement sont les bienvenues. Comme on le dit ici "avec une seule main on ne ramassera pas la farine"
Vous avez opté pour un retour au Burkina Faso : Etait ce pour décloisonner l'art en recherchant une relation plus directe avec le territoire au profit des contraintes dans les musées ou galeries? Pour une plus grande indépendance?
Dans un premier temps, l'envie était de revenir faire quelque chose dans mon pays afin de renouer avec mon territoire.
Apres quelques années passées en France j'ai eu la chance d'apprendre le métier d'ébénisterie et j'avais à cœur de pouvoir former et créer une dynamique autour de ce métier . Selon moi l'art peut se faire partout et surtout on peut créer de l'activité et générer de l’emploi.
- Est ce que le contexte d'une oeuvre, le cadre et l'infrastructure sont aussi importants que le contenu?
Pour moi l'art africain n'a pas de frontière d'autant que les plus grands sculpteurs africains n'ont jamais connus no musée no galeries mais on y retrouve leurs œuvres . Le contexte ici y joue car je viens pour trouver le materiaux et le terroir nécessaire à mon art et mon inspiration.
- Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait marcher dans vos pas?
Fonce mais avant tout prend le temps de te former et de mûrir ton projet.
Enfin, quel fut votre plus grand défi? ou votre plus grand échec? et comment l'avez-vous dépassé, transcendé? ou finalement tournée en positif?
Mon grand défi a été de revenir chez moi, pouvoir ouvrir mon atelier et y développer mon activité . L'échec a été d'ouvrir l'atelier et de me retrouver seul dedans dans un premier temps car incompris. Jusqu'à aujourd'hui pour quelqu'un qui veut faire de la formation je n'ai que deux apprentis qui après 1 an commence seulement à saisir ma vision et ce que je souhaite transmettre.Je l'ai transcendé et continue de le faire en travaillant, montrant ce que je fais et en essayant de vivre de mon art.
Si VOUS ETIEZ UN ARBRE? QUEL SERAIT-IL ET POURQUOI ?
Je serai l'ébenier d'Afrique (gabou) c'est un arbre un peu mystique, on l'utilise pour soigner les fous appellation que l'on me donne souvent car les gens ne comprennent pas toujours ce que je suis venu faire ici. C'est un bois très précieux, rare que je cherche à valoriser aux travers de mes créations et mon métier.
Merci Soumaila pour toutes ces réponses...
je pense que le parcours d'un homme est aussi important que son oeuvre et qu'il est important de le partager afin qu'il soit à sa façon un moteur pour les autres.
Après cette conversation, j'ai eu envie d'en savoir plus sur certains thèmes que je vous partage. Bonne lecture
Ebenier d’Afrique : Utilisations médicinales :
Les fruits sont employés pour traiter la dysenterie et la diarrhée L'écorce est antibiotique, antifongique, antihémorragique et aphrodisiaque. Les feuilles sont désinfectantes pour plaies, pians, et otites mais entrent aussi dans une preparation a base de mil pour traiter le dysfonctionnement erectile. Les racines sont vermifuges. L'association des racines et des feuilles est efficace pour soigner les maladies mentales. L'écorce constitue un remède pour les rhumatismes, les céphalées, et l'impuissance sexuelle. C'est un arbre considéré localement comme ayant des pouvoirs magiques. Les feuilles sont laxatives et s'utilisent aussi pour la fièvre.
Arbre planté pour son ombrage, il fournit un bois gris rosâtre, veiné, dur et lourd qui est utilisé pour les charpentes, les manches d'outils et d'armes, les arcs, comme cure-dents, et charbon.
Au Burkina Faso, les feuilles comme les fruits verts entrent dans la préparation de décoctions pour le soin des diarrhées et de la dysenterie.
Ils sont aussi utilisés en bain pour le soin des plaies,des brûlures et des conjonctivites.
Les fruits mûrs, à la pulpe sucrée et acidulée, sont consommés
L’ébénier d’Afrique peut dépasser quinze mètres de hauteur. Son tronc est robuste et cylindrique. Ses feuilles simples sont parfois bien ondulées sur les bords. L’espèce est dioïque : il y a des arbres mâles et des arbres femelles. Les fleurs femelles, blanc-verdâtre, donnent de petits fruits ronds, comestibles une fois jaunes et contenant des graines noires.
Cette espèce est assez commune, disséminée localement, en Afrique de l’Ouest, tropicale et australe, ainsi qu’en Arabie. Elle est très appréciée pour son bois.
Conservation des bois morts et des vieux arbres
Les arbres morts sont considérés comme sans intérêt par de nombreuses personnes. Les propriétaires de forêts sont défavorables car ils y voient une perte financière ou encore un risque de sécurité. Quant au public, l’aspect péjoratif du bois mort est expliqué par une sensation de désordre.
Les arbres morts sont encore aujourd’hui considérés comme sans intérêt par de nombreuses personnes, des gestionnaires de forêts au public. Les propriétaires de forêts sont principalement défavorables aux bois mort car ils y voient une perte financière (quantité de bois qu’ils ne pourront pas vendre) ou encore un risque de sécurité de laisser des troncs qui peuvent tomber à tout moment. Quant au public, l’aspect péjoratif du bois mort au sol est expliqué par une sensation de désordre, de non entretien voire d’abandons de la zone.
Pourtant les scientifiques sont unanimes sur ce point: les vieux arbres et les arbres morts appartiennent à un écosystème forestier en bonne santé, et leur présence est indispensable pour la sauvegarde de la biodiversité. En effet, un cinquième environ de la faune forestière est tributaire du bois mort : coléoptères, mousses, lichens - et près de 85% des champignons, dont le rôle écologique est fondamental.
Chaque forêt contient du bois mort. Ce sont notamment les branches mortes ou les souches, mais aussi et surtout les très gros arbres morts, ou les vieux arbres qui atteindront un jour ou l’autre l’âge d’une mort naturelle. Aujourd’hui, plus de la moitié des coléoptères vivant dans le bois mort sont menacés, car pour certaines espèces d’insectes, franchir une distance de 50 m jusqu’à l’arbre mort le plus proche représente déjà une difficulté insurmontable. Si leur arbre-hôte est enlevé et qu’ils n’en trouvent pas un autre à proximité immédiate, leur population est condamnée à une extinction locale.
Intérêt de conserver du bois mort
Que ce soit dans les jardins, les parcs, les forêts, les haies, les arbres dépérissant ou morts sont trop souvent jugés inutiles, voire dangereux, susceptibles de propager parasites et maladies aux arbres sains. Dans un milieu équilibré, ce n'est pas le cas. Au contraire, ils représentent un maillon essentiel de l'écosystème, une phase de recyclage de la matière organique morte. Mais ils sont trop souvent détruits, ce qui a pour conséquence la raréfaction des nombreuses espèces qui en dépendent. Ce n'est pas un hasard si le Grand Capricorne, la Rosalie des Alpes, le Pique-prune ou le Lucane cerf-volant, qui vivent dans le bois mort ou pourri, bénéficient d'un statut de protection dans notre pays. Ils sont devenus aussi rares que les arbres morts dans notre environnement. De nombreuses espèces saproxyliques sont éteintes, parfois depuis longtemps. Parmi les espèces encore présentes, nombreuses sont celles en situation délicate d’un point de vue de leur conservation. Des espèces comme le Pic à dos blanc ou le Pic tridactyle ne sont connus en France que sur quelques stations. Pour l’Europe, Speight (1989) estime que 40% des espèces de coléoptères saproxyliques sont en danger sur une grande partie de leur aire. La majorité des autres sont en déclin.
De plus, beaucoup de populations des espèces présentes sont réduites et fragmentées. L’absence d’insectes saproxyliques de certaines forêts récemment mises en réserve et comprenant une forte densité de vieux bois et bois mort pourrait indiquer que les forêts dotées d’une riche faune saproxylique sont devenues si rares, si éparses, si éloignées, que toute colonisation naturelle est devenue localement difficile ou impossible.
Rôle des bois morts dans l’écologie forestière
Les vieux arbres et les arbres morts ne sont pas seulement bénéfiques à la diversité des espèces. Ils sont aussi en mesure d’avantager la forêt en tant qu’écosystème et de profiter aux propriétaires forestiers. Dans les forêts de montagne, le rajeunissement naturel se fait beaucoup plus facilement sur du bois en décomposition que sur le sol, car le bois mort contient plus de substances nutritives et la lumière lui parvient mieux grâce à sa position surélevée. En outre, la neige y fond plus rapidement au printemps. Un bois mort qui se décompose lentement alimente constamment le sol de substances nutritives et d’humus, ce qui en maintient la productivité.
Les bois morts sont un compartiment fonctionnel permettant le stockage d’une énorme masse énergétique et du recyclage ininterrompu des nutriments dans l’écosystème (cycle géochimique des éléments du sol), et par conséquent du maintien de la productivité de l’écosystème. De plus, les insectes liés au bois mort, accélèrent le recyclage des matières organiques (gage de la fertilité des sols).
Rôle alimentaire des bois morts
Les bois morts sont également une source de nourriture pour de nombreuses espèces forestières, influant ainsi de façon directe sur la survie de groupes spécialisés comme par exemple les champignons et les invertébrés saproxylophages. Citons par exemple les xylophages (épixyliques ou saproxyliques), que ce soit les champignons lignivores initiaux, comme la pourriture blanche, ou les champignons saproxyliques (amadouviers) et les coléoptères saproxylophages. La quantité et la qualité (essence, niveau de décomposition) du bois mort sont indispensables pour le maintien de ces populations. Mais aussi les détritivores qui se nourrissent de matière organique évoluée (champignons, insectes, bactéries…), c’est-à-dire soit du bois mort très évolué soit des fonds de cavités.
Rôle des bois morts comme abris
Le bois mort est aussi une source de micro-habitats variés pour une large biodiversité, en premier lieu par les abris formés par l’accumulation de bois au sol et les cavités aériennes. En effet, ces micro-habitats sont indispensables pour abriter des espèces aussi variées que les rongeurs, les bryophytes ou encore les chauves-souris ; ils sont aussi indispensables à la reproduction de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes. Dans nos régions, on estime ainsi que 40% des oiseaux forestiers dépendent étroitement des cavités pour se reproduire (chouettes, gobe-mouches, grimpereaux, mésanges). On distingue deux types d’espèces cavicoles : celles comme les pics qui vont sculpter elles mêmes leurs cavités et celles qui vont utiliser des cavités existantes (cavicoles secondaires : chouettes, hiboux, canards, martinet, rollier, huppe, torcol, moineau, étourneau, mésanges, sitelle, grimpereaux, gobe-mouches, rouge-queue…). La plupart sont d’importants prédateurs des insectes défoliateurs. Les écureuils, la martre, la genette, les lérots et muscardins, occupent régulièrement des cavités de vieux arbres.
Généralement les chances de trouver une cavité augmente avec le diamètre de l’arbre, et donc avec son âge. Il est donc important de maintenir quelques gros et vieux arbres vivants. Or ce sont les arbres manquants le plus dans nos forêts.
Rôle des insectes dans l’écologie forestière
Les premiers à coloniser les arbres dépérissant sont des insectes, en particulier des coléoptères comme les scolytes. Les trous qu'ils forent dans le bois aident à la pénétration de l'eau, des champignons et des micro-organismes. Les moisissures effectuent un travail indispensable de décomposition de la cellulose, rendant le bois pourri plus friable et plus facilement assimilable par de nombreux insectes. Les termites qui ne se nourrissent que de bois dépendent pour le digérer de bactéries présentes dans leur estomac.
Les larves de ces insectes, véritables boudins de protéines, représentent une ressource alimentaire recherchée par des prédateurs et des parasites souvent spécialisés. Les pics par exemple s'en nourrissent presque exclusivement. Ils les extraient des troncs grâce à leur puissant bec capable de forer rapidement des trous.
Les loges creusées par les pics pour nicher comme les trous qui se forment dans les arbres souvent élagués ou abîmés par la chute d'une grosse branche, sont utilisés comme abris par d'autres oiseaux (mésanges, sittelles, chouettes…), des mammifères (loir, lérot, chauve-souris…) ou des insectes (guêpes, frelons, abeilles, papillons…). Le terreau accumulé au fond nourrit d'autres espèces d'insectes, notamment des larves de cétoines. Parmi elles, le célèbre pique-prune, stoppeur d'autoroute qui fréquente les cavités des vieux chênes. Et les trous d'émergence des insectes sont colonisés par diverses espèces d'abeilles et de guêpes solitaires qui y établissent les cellules de leurs larves.
Gestion forestière
Avant d’abattre de tels arbres, il est important de vérifier que le cout d’exploitation est plus important que la valeur marchande. En effet, dans bien des cas, la valeur économique de ces arbres est relativement faible.
Inversement, leur valeur écologique est importante puisqu’ils jouent un rôle prépondérant pour les insectes ainsi que pour d’autres groupes d’animaux (mammifères, oiseaux….), de végétaux et de champignons. Les champignons saproxyliques constituent eux-mêmes pour certains insectes des micro-habitats à part entière.
Arbre isolé à gros et très gros volume
Lorsqu’un arbre isolé de grande taille ne représente pas de valeur commerciale et dont la présence n’est pas gênante pour l’exploitation forestière, il est recommandé de le laisser sur place. En effet, ce type d’arbres abrite la majorité des micro-habitats favorables aux insectes saproxylophages.
Groupes d’arbres à gros et très gros volume
Lorsqu’un groupe d’arbres de grandes tailles ne représente pas de valeur commerciale et dont la présence n’est pas gênante pour l’exploitation forestière, contribue comme les arbres isolés à la présence d’habitats et assure leur pérennité de part l’effectif plus important.
Maintien d’une mixité résineux – feuillus
La mixité favorise souvent la régénération et facilite la structuration des peuplements.
Eviter de débiter les bois morts qui ne seront pas exploités
Dans la mesure où un arbre mort ne représente aucune gène ou aucun risque, il est fortement recommandé de le laisser tel quel et ainsi laisser les insectes saproxylophages se charger de la décomposition. En effet, les arbres morts sur pied abritent des espèces spécifiques qu’on ne retrouve pas sur les bois au sol, et sont donc indispensables au maintien de ces dernières. Il en est de même pour les chandelles qui abritent le même type d’espèces, et qui doivent être laissées tel quelles si elles ne représentent aucun danger.
Respecter les volumes de bois morts déjà présents
Les volumes de bois morts à un stade de décomposition avancée étant très rare dans la nature, il est indispensable d’éviter tout dérangement et toute destruction. Cette dernière pourrait conduire à la destruction de micro-habitats d’une importante capitale pour certaines espèces fragilisées.
Taillisfée Plantes sens, & Essences