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Le QUINQUINA

Il y a quelques années, j’attirais l’attention à travers mon blog sur notre façon de consommer.

Je souhaitais déjà dans un premier temps mettre en lumière certaines irrégularités. Ces dernières émanaient parfois de notre manque d’informations, mais également de raccourcis sur quelques produits  que nous consommions.

Ayant moi-même, inconsciemment participé à ces irrégularités, j’ai voulu humblement partager ces mises en garde ;

Que cela soit sur le sucre et ses "laternatives, que cela soit sur l'usage et l'achat du bois de rose, ou l'huile de cèdre, la conséquence de l'utilisation massive de l'huile de Palme, notre façon de consommer a inéluctablement des conséquences de l'autre côté de la planète sans que nous en soyons forcément conscients.

Aujourd’hui, un autre sujet m’amène à tirer le signal d’alarme sur le risque de disparition d’une espèce végétale :

 

 

                                                       CONNAISSEZ-VOUS l’ARBRE  DU  QUINQUINA ?

Dans cet article, nous allons aborder la découverte et l'exploitation massive du Quinquina, les vertus phytothérapiques du Quinquina, les dangers et menaces et Le Quinquina en France.

 

Toutes celles et tous ceux qui ont voyagé en Afrique ou dans des contrées tropicales verront le parallélisme avec ce médicament que l’on vous prescrit, à savoir la QUININE. 

La QUININE est en effet, censée vous prémunir contre le paludisme et les fièvres palustres (vous savez ces moustiques qui vous piquent et vous transmettent leur maladie engendrant fièvres et diarrhées… Oui je sais, c’est peu ragoutant mais appelons un chat, un chat).

 

Et bien, la quinine vient de cet arbre, le QUINQUINA.

En fait, LE QUINQUINA désigne non seulement l’arbre et l’écorce. Mais nous connaissons  le Quinquina essentiellement pour son écorce.

Il pousse naturellement au Pérou, dans la cordillère des Andes dans les forêts d’altitude (1800 à 3000m) et à l’heure d’aujourd’hui, il est cultivé en Indonésie en Afrique et en Amérique du sud.

Si les peuples précolombiens du Pérou, de la Colombie et de l’Équateur actuels furent les premiers à utiliser son écorce pour soulager les fièvres et les douleurs, l'Europe, mais plus précisément les missionnaires jésuites, (Les jésuites la nommèrent d’ailleurs »la poudre des jésuites ») en ont découvert les vertus dès 1631.

A cette époque, le succès du QUINQUINA réside dans les qualités thérapeutiques de sa poudre d’écorce utile contre le paludisme.

Mais une approche superficielle et une connaissance approximative de cette plante (l’arbre, sa provenance, ses teneurs en actifs, les modes de préparation de l’écorce et son circuit commercial) par l’ensemble des botanistes européens ne permet pas une exploitation efficace de ses potentialités.

Au 17eme siècle, on trouve du Quinquina sauvage exclusivement dans les colonies espagnoles, comme le PEROU, La Bolivie, l’Equateur et la Colombie.

Ce n’est qu’au 18ème siècle que des expéditions sont lancées et permettent de récupérer quelques échantillons de quinquina. Il sera, dès lors, étudié avec plus de minutie. En 1817, deux pharmaciens français arrivent à isoler pour la première fois la quinine à partir des écorces du quinquina rouge. Dès lors, la quinine sera fabriquée et vendue vers 1830 et acquerra toute sa renommée.

Pour se fournir en Quinquina, les européens puisent essentiellement dans les forêts de Loja (Pays de l’Equateur mais actuellement Pérou). Mais la demande grandissante contribua à l’appauvrissement des forêts.

Une constatation déjà évoquée par les jésuites mais qui prit encore plus d’ampleur une fois, les actifs découverts et isolés.

 Les « Cascarilleros » (patrons cueilleurs indiens de l’écorce à la solde de sociétés ou spéculateurs) ne se souciaient guère ou n’étaient pas encore sensibilisés au renouvellement des ressources.

Une fois de plus, les jésuites tentent de tirer la sonnette d’alarme et pour contrecarrer cette raréfaction, décrètent que pour 1 arbre coupé, 5 arbrisseaux en forme de croix doivent être plantés. Bien que l’idée soit honorable, ils n’eurent jamais l’occasion de la mettre en pratique puisqu’ils furent expulsés. C’est en 1882 que son exploitation atteint un niveau tel que l’on commençât à parler de surexploitation.

Dès le 19 ème siècle, le Quinquina étant déjà une denrée très rare et très chère, les expéditions donnèrent lieu à toutes sortes de Traffic et de façon anachronique, la traçabilité du produit laissait à désirer.

La plante, de son trajet des forêts andines, jusqu’aux boutiques de médecins ou apothicaires, faisait intervenir plusieurs intermédiaires et par la même occasion, bon nombre de fraudeurs, de par sa rareté et sa cherté.

 1882 fut donc la triste année où le nombre de 10 000 tonnes fut atteint, et corollaire inéluctable, la raréfaction de cette matière végétale, contraint les européens à implanter ces arbres dans d’autres régions du monde

On passa alors du Quinquina sauvage au Quinquina de plantation.

L’Angleterre puis les Pays-Bas développent de grandes plantations d'arbre à quinquina dans leurs colonies d'Inde et de Java :

L’Angleterre introduisit le quinquina rouge (Cinchona succiruba) avec succès à Ceylan. Puis les Hollandais réussirent à supplanter la production anglaise en cultivant à Java du quinquina jaune (connu à l'époque sous le nom de Cinchona ledgeriana) dont l'écorce est très riche en quinine.

Les Français tentèrent d'implanter la culture du quinquina en Indochine. Dès 1925, on commença à planter du quinquina au Congo.

Malheureusement, en dehors de sa région originelle, le quinquina produisait bien moins de quinine.

 

Dans les années de l'entre-deux-guerres, ces dernières assureront environ 90 % de la production mondiale d'écorce de quinquina.

En 1940, l’Allemagne nazie détruit les stocks lors du bombardement d’Amsterdam.

Dans les années 1950-1960, un produit de synthèse, la chloroquine (nivaquine), au coût de fabrication très faible, remplacera la quinine d'extraction dans les pays développés.

La culture s'est tout de même poursuivie en Indonésie et est introduite en Afrique de l’ouest (République démocratique du Congo, Cameroun, Côte d'Ivoire).

Aujourd’hui, les principaux producteurs et exportateurs de Quinquinas sont l’Indonésie et la République démocratique du Congo.

Les antipaludéens de synthèse supplantent l’extraction de quinine et de nombreuses boissons gazeuses avec de la quinine sont lancées sur le marché comme le SCHWEPPES.

 

 

VERTUS PHYTOTHERAPIQUES DE LA QUINQUINA :

  1. Il aide à soigner les plaies et les différentes blessures : grâce aux tanins contenus dans l'écorce réduite en poudre, il a un pouvoir antiseptique et cicatrisant.

  2. Il a des propriétés anti-inflammatoires et diurétiques.

  3. Propriétés fébrifuges

  4. C'est un très bon tonique et un revitalisant, il rend plus résistant face aux maladies.

  5. Il peut aider aux soins des cheveux (contre le cuir chevelu irrité et les pellicules).

  6. Il stimule l'organisme et augmente l'appétit, il est conseillé pour les personnes malades, voire les anorexiques, etc.

  7. Utilisé en gargarisme, le Quinquina soulage irritations et infections de la gorge

  8. Il soulage les crampes et douleurs de l’arthrite

  9. Il est antipaludique.

 Cf : Le Quinquina d’Australie provient d’Inde et est appelé l’Alstonia

Ses principaux composants :

 Alcaloïdes , quinines, quinidine, quinicine, cinchonine, tanins.

QUELQUES RECETTES

  • Vin de quinquina contre l’obésité : Prendre pendant 1 mois, 1 jour sur 2, deux heures avant le petit déjeuner, 1 verre de vin avec 1 cuil. à café de poudre de quinquina.

  • Vin de quinquina : 20 g d’écorces à faire macérer pendant 3 jours dans 1 litre de vin blanc doux. Passer et prendre ½ verre, 2 fois par jour avant les repas.

  • Aphrodisiaque : Faire macérer 40 g d’écorce de quinquina dans 100 g d’alcool à 60°C pendant 1 jour et 1 nuit. Ajouter ensuite la préparation à 1 litre de vin soit blanc, soit rouge. Laissez macérer 12 jours en agitant chaque jour. Filtrer. Boire 1 verre à liqueur avant chaque repas.

  • Infusion ou macération : 20 g pour 1 litre d’eau, boire bien sucré 1 demi-heure avant les repas.

  • Lavage des plaies : 20 à 40 g pour 1 litre d’eau

ET AUJOURD’HUI ?

Le Pérou compte plus de 20 à 29 espèces de Quinquina mais seules 3 sont utilisées

Le Quinquina gris (Le Cinchona officinalis) : difficile à cultiver, en raison de la déforestation, de la dégradation des sols, des brulis à répétition pour y planter à la place des plantations de café ou autres cultures. et de la pression agricole, il est malgré tout le meilleur.

C’est d’ailleurs cet arbre qui figure sur le blason national grâce à Simon Bolivar

Le quinquina rouge, est souvent considéré comme étant une plante envahissante surtout dans les Caraïbes. Cependant, il est très riche en quinine et possède d’autres actifs très intéressants comme les phénols et les anthraquinones, réputés pour être répulsif contre les animaux

Le quinquina jaune, est également riche en quinquina et simple à cultiver.

Au Pérou, LE QUINQUINA entre dans la composition de l’ANGOSTURA, un alcool particulièrement amer mais très célèbre au Pérou puisqu’il sert à préparer le cocktail national, à savoir le PISCO SOUR.

Mais à ce jour, plus grand-chose n’a été fait pour protéger, promouvoir et étudié cette plante.

Une des raisons de son extinction vient que cet arbre n’est pas évalué à sa juste valeur et n’attire malheureusement pas l’intérêt des autorités péruviennes pour prendre les mesures adéquates.

Malgré la multiplication des appels des spécialistes pour solliciter des fonds aux diverses autorités pour les conserver, ces appels restent lettre morte. Après la déforestation, la surexploitation, la méconnaissance, les techniques de brulis pour y intégrer des plantations de café, le désintérêt semble condamner cet arbre national du Pérou à l’extinction.

ET DU CÔTÉ FRANÇAIS ?

La marque DUBONNET, cela vous dit quelque chose ?

Bien que Dubonnet fasse partie aujourd’hui des boissons oubliées, le Dubonnet fut inventé pour soigner les malades du paludisme en Afrique du Nord. C’est le chimiste Joseph Dubonnet (1818-1871) qui compose cette boisson à base de quinine, issue du quinquina.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la boisson est fébrifuge et antipaludéenne elle a un fort goût d’amertume qui déplait fortement. Pour adoucir son goût, Dubonnet y ajoute des herbes et des épices, faisant de ce vermouth une boisson très prisée. Elle n’est plus alors destinée uniquement aux légionnaires mais est également servie dans les bars et les cafés. Malgré tout, Dubonnet n’a pas su se renouveler et les goûts changent. A l’heure des whiskies et des vodkas, les vermouths ne semblent plus avoir leur place et si c’est le cas, d’autres ont supplanté la marque de Dubonnet , comme Martini.

Bien que Dubonnet a su marquer les esprits par ses affiches et sa publicité, Ce dernier n’a su opérer son virage et a donc disparu des étals et des écrans.

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