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LA MANGROVE ET LE PALETUVIER

Depuis longtemps, je voulais faire un article sur cette forêt qui me fascine depuis longtemps et c’est en regardant de nouveau ce reportage sur les SUNDARBANS* que je me lance aujourd’hui pour vous partager la richesse que renferme les mangroves et tirer à mon niveau le signal d’alarme sur cette  forêt en danger.

Quelques repères pour commencer : 

Au niveau mondial, les mangroves occupent 75 des côtes tropicales et subtropicales pour une superfice de 180 000Km2, soit 1 des surfaces couvertes par l’ensemble des forêts tropicales.

 Qu’est ce que la mangrove ? La mangrove est une forêt littorale amphibie cad capable de se développer et de vivre aussi bien sur la terre ferme que dans l'eau, donc qui peut vivre à l'air ou dans l'eau, de région côtière, tropicale à subtropicale, caractérisée par la présence de palétuviers. 

Le palétuvier est l’arbre emblématique des mangroves, il y en a de différentes sortes mais tous ont en commun de s’ancrer profondément dans le sol, préservant ainsi le littoral d’érosion et atténuant ainsi les impacts d’évènements climatiques. On trouve le palétuvier rouge dans les mangroves de bord de mer, dans une grande profondeur d'eau, le palétuvier noir dans les mangroves arbustives à faible profondeur  d'eau et le palétuvier gris ou blanc dans les zones sèches. 

Mais ces noms vernaculaires peuvent correspondre à différentes espèces botaniques telles que : Avicennia germinans, Avicennia vitida, Avicennia schaueriana, Conocarpus erectus, Clusia mangle, Laguncularia racemosa ou encore Rhizophora mangle…

 Le palétuvier est donc l'arbre roi de la mangrove, écosystème fragile que vous aurez compris, typique des littoraux tropicaux. Situées à la frontière entre la mer et la terre, les espèces de la mangrove subissent de fortes contraintes environnementales :

- un sol mou, instable et pauvre en oxygène

- une submersion temporaire et répétée par l'eau salée lors des marées Les palétuviers sont les seuls arbres capables de pousser dans ces conditions difficiles.

Pour y parvenir, ils ont développé des stratégies ingénieuses telles que leur capacité à éliminer le sel et leurs racines aériennes. 

Certains comme le palétuvier rouge ont un système racinaire aérien en forme d'échasse (rhizophore) qui leur permet de respirer et d'être stables sur la vase. Ce sont des arbres "sur pilotis". D'autres comme les palétuviers blancs et gris possèdent des pneumatophores (des excroissances de leurs racines) qui se dressent à la verticale au-dessus du sol et des eaux comme des tubas pour assurer la respiration de la plante même lorsque ses racines sont submergées par les marées.

Les palétuviers sont les seuls arbres à avoir des racines qui montent au lieu de descendre.

Pour survivre et se reproduire dans la mangrove, les palétuviers ont également adopté un mode de germination très spécial, qui est une forme végétale de viviparité. Plutôt que de risquer d'être noyées ou asphyxiées, les graines des palétuviers rouges et blancs germent quand elles sont encore sur l'arbre-mère. Quand elles ont développé des racines suffisantes, les jeunes plantules de palétuvier se détachent de l'arbre-mère pour se poser directement dans la vase (à marée basse) ou être entraînées par le courant (à marée haute). C'est ainsi que la mangrove s'étend par flottaison...

Ces arbres sont capables de supporter à la fois l'eau, et le sel. Ils poussent dans la vase, ou sur les plages.

Les mangroves et leurs palétuviers nous rendent de multiples services écologiques et économiques.

Elles favorisent l'exercice de la pêche côtière et même parfois le développement de l'écotourisme ! Certains opérateurs touristiques proposent en effet de visiter ce paysage typique en kayak ou en canoë pour tenter d'y observer la faune.

De par le monde, elles favorisent le développement de différents types de pêcheries:

artisanale, commercial, récréative de part le monde.

Sur les branches d'un palétuvier, on trouve des huitres, des éponges, des moules, des mollusques, et dans leurs racines, des petits poissons et des crabes. Poissons, crabes et d'autres espèces marines y sont récoltés. Ainsi en 2001, en Guyane, la pêche a représenté 18,4 millions d’euros à l’exportation.

Il a été calculé qu’un hectare de palétuviers, aux Philippines, « génère » chaque année 400 kg de poissons, crevettes, crabes, mollusques auxquels s’ajoute une production équivalente de même origine mais se développant ailleurs.

En Malaisie, 400 km2 de mangrove soutiennent une pêcherie de 100 millions de dollars par an.

Les usages de la mangrove et les activités qui s'y déploient sont nombreux et parfois conflictuels : pêche, cueillette, ramassage du sel sur les lignes arrières et sursalées, saliculture, agriculture (riziculture), aquaculture (crevetticulture), sylviculture, tourisme aujourd'hui.

Cette dernière activité s'est par exemple développée dans les Antilles françaises, en même temps que la protection de ce milieu s'est imposée : en Martinique, entre 1951 et 1998, 15% des surfaces de mangrove ont disparu dans la baie de Fortde-France et les travaux portuaires gagnent encore aujourd'hui sur la mangrove à l'est de la ville ;

il ne reste aujourd'hui que 1 500 hectares de palétuviers sur les littoraux de cette île. 

Le Petit Cul-de-Sac Marin en Guadeloupe, sur lequel se sont développées les installations du port autonome de la Guadeloupe et de la zone industrielle de Jarry, a également été largement remblayé. En revanche, les mangroves du Grand Cul-de-Sac Marin s'étendent sur près de 3 000 hectares.

En Guyane, les mangroves offrent des bénéfices économiques importants car ils conditionnent l'exercice de la pêche côtière notamment mais les usages ont été et restent restreints : récolte du crabe mantou ou crabe à barbe, prélèvement des racines échasses du palétuvier rouge pour fabriquer arcs, cordages ou vannerie, chasse aux ibis et aux petits limicoles. .

Ailleurs sur la planète, elles apportent également des avantages environnementaux en tant que barrière de protection du littoral contre la houle et les courants marins.

Un site attractif pour le tourisme

Si globalement, les mangroves ne sont pas traditionnellement perçues comme des sites propices à la récréation, ceci est en train de changer rapidement.

Les gens prennent conscience que cet écosystème peut procurer une expérience éducative hors du commun de part les espèces peu communes qui peuvent y être facilement observées.

Les mangroves ont favorisé la création de sentiers éducatifs qui participent au développement de l’écotourisme. Un parcours sur pilotis à travers la mangrove a été créé dans les Salines de Rémire-Montjoly en Guyane Certains opérateurs touristiques offrent la possibilité de visiter la mangrove en kayak ou en canoë.

Des ressources pour la vie quotidienne

Partout dans le monde, les mangroves ont été exploitées pour leur bois pour fabriquer du charbon ou de la pâte à papier, ou sert aussi dans la construction de maisons et de bateaux. L’écorce fournit des tanins qui sont utilisés pour préserver les filets et teindre les voiles de bateaux. Le bois de mangrove est apprécié pour sa résistance à la pourriture et aux dégradations causés par certains invertébrés marins. Certains bois ont aussi ont une grande valeur calorifique ce qui justifie leur utilisation comme charbon ou bois de chauffe.

Des ressources pour la pharmacopée

Une étude en Indonésie a estimé que les mangroves procurent un bénéfice net de 1500 dollars par km2 du fait des plantes médicinales qu'elles abritent.

En Guyane, la liane mangle (ou ihipkwatriyene en Palikur) serait associée, dans la médecine créole, au palétuvier blanc et au tabac pour soigner les piqûres de raie venimeuses. Les racines de zimmortelle ou mitiku* (un arbre qui pousse dans les forêts inondables d’arrière - mangrove) sont préparées en une décoction que boivent les malades fiévreux de la grippe ou du paludisme.

La mangrove de Martinique s'étend sur une superficie d'environ 1800 hectares et représente environ 6% de l'espace forestier de l'Ile. Elle se situe principalement au centre (au Robert, au François, dans la Baie des Anglais, à la Presqu'île de la Caravelle) et au Sud de l'Ile (Cul-de-sac le Marin, le Diamant).

La plus grande superficie se situe dans la Baie de Génipa, au fond de la baie de Fort-deFrance (près de 1000 ha).

Les espèces poussant au plus proche de la mer dans un sol argileux sont les Palétuviers Rouges, les palétuviers ou Mangles Noirs, les palétuviers ou Mangles Blancs. Plus en retrait des côtes, le sol de la mangrove devient argileux-sableux. On y trouve principalement des Mangles Gris, des Palétuviers Gris et plus à l'intérieur encore des terres, des Grandes Fougères Dorées.

Sur le site de la Trinité inondée d'eau douce, on trouve également des Mangles Médailles. Si la mangrove de Martinique est aujourd'hui protégée partiellement, les hommes ont au fil de ces dernières années énormément écornés la superficie encore plantée de forêt littorale. Les plus gros dégâts ont été réalisés lors de la construction du Port de Fort-de-France, l'aéroport du Lamentin ainsi que de nombreuses maisons et complexes touristiques « les pieds dans l'eau »

MANGLE_MÉDAILLE.jpg

LES ROLES DE LA MANGROVE 


La mangrove a de multiples avantages:

- Filtrer naturellement les polluants (métaux lourds et autres toxiques) contenus dans l'eau de mer :

Les différents systèmes racinaires des palétuviers contribuent à la filtration et à la rétention des polluants (métaux lourds et autres toxiques) contenus dans l’eau, de même qu'à la rétention des nutriments et des matières en suspension.

 

- Piéger les gaz à effet de serre comme toutes les autres forêts de la planète : Les données recueillies ont permis de déterminer que la surface sédimentaire de la mangrove, constituée de micro-organismes végétaux, avait une capacité à séquestrer le carbone de 10 à 100 fois supérieures, à celle des palétuviers. Les émissions de dioxide de carbone par la combustion des énergies fossiles et les modifications dans l'aménagement des sols sont les causes principales de l'augmentation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les forêts, les cultures, les sols et la matière organique piègent le carbone et ainsi aident à réduire la vitesse du changement climatique. Les mangroves fixent des quantités importantes de carbone, il est estimé aujourd'hui, que les mangroves pourraient piéger 25.5 millions de tonnes de carbone par an.

 

- Servir d'abri et de nurserie à une faune importante : 
Les eaux au sein et aux alentours des mangroves sont généralement riches en nutriments. Ceci résulte de l'abondante matière organique produite par les palétuviers et par les sédiments piégés entre les racines de ces derniers. Les mangroves produisent annuellement environ 1 kg de litière/ m2, qui forme la base d'un réseau alimentaire complexe et dont une partie est exportée avec la marée. De ce fait les mangroves favorisent une fabuleuse vie marine et souvent elles servent de nurserie, (les alevins déposés peuvent grandir à l'abri des prédateurs qui ont du mal à circuler dans les racines en échasse des palétuviers. Une fois ces juvéniles devenus grands, ils repartent dans les récifs coralliens situés un peu plus loin en mer).  
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Protéger naturellement contre les tsunamis et les tempêtes &  proteger le  littoral contre l'érosion due à la houle et aux courants marins. Dans les pays tropicaux frappés par les cyclones, les tempêtes et les ouragans ils sont très utiles car ils limitent les dégâts provoqués par le vent et la force des vagues, même en cas de tsunami ! La mangrove est un rempart efficace contre l'érosion, les cyclones ou les tsunamis.

 Une forêt de mangrove constitue une véritable barrière protectrice pour la population en cas de tsunami. La vague est micro-diffusée par les racines aériennes des palétuviers. Elle perd ainsi très rapidement de son énergie » ; L’énergie d’une vague peut être réduite de 75 %, lorsqu’elle passe à travers 200 mètres de mangrove si cette dernière est en bonne état.

Grâce à sa capacité à briser la force des vagues, la mangrove protège des vies humaines et les constructions qui se trouvent sur le littoral. En Inde, dans le district de Chidambaran, le rôle de protection des côtes par les mangroves est bien connue.

Une mangrove de 113 km2 est considérée comme une forêt sacrée ; elle est d'ailleurs dénommée Alaithi Kadukal, qui signifie en Tamil, "la forêt qui contrôle les vagues". Il a été attesté que les dégâts du tsunami, en décembre 2004, en Asie du Sud auraient été plus importants dans certaines régions, si la force des vagues n’avait pas été absorbée par des zones de mangroves. A l’inverse, la destruction des mangroves entraîne des dépenses pour mettre en place des installations qui protègent le littoral contre l’érosion marine. La république des Maldives (Océan Indien) a investi 10 millions de dollars par kilomètre dans un brise-lames artificiel, afin de protéger ses plages. 


La Guyane, de par sa position à l'écart des trajectoires cycloniques, est à l'abri de ces types de dommages.

La mangrove protège le littoral en piègeant les sédiments issus du continent et en évitant leur trop rapide dispersion par les courants marins. 


MENACES DE LA MANGROVE


Dans certaines régions du monde, les prélèvements et dégradations sont allés tellement loin, qu’il existe aujourd’hui en Asie, en Floride et en Afrique, des projets de restauration des mangroves.

Les causes de cette rapide disparition sont multiples, du fait de l'exploitation du bois pour la construction, pour le charbon de bois, pour l'extraction de sel mais surtout du fait du déboisement pour la création de bassins de crevetticulture…

La construction de routes et d'infrastructures peuvent aussi provoquer la disparition de la mangrove et favoriser l'érosion.

En Guyane, les palétuviers sont coupés systématiquement dans certains quartiers de Cayenne et de Kourou, car ils constituent l’essentiel des plantes nourricières des chenilles du « papillon cendre ».

Ce dernier est redouté pour les démangeaisons occasionnées par les poils urticants.

Les mangroves sont aussi peu appréciées car elles sont des lieux de prédilection pour les moustiques. Cependant, ces coupes localisées ne mettent pas la mangrove guyanaise en danger.

Les pollutions industrielles et domestiques

 

Plus de 77 % des polluants qui arrivent en mer proviennent du continent et 44 % de ces polluants sont issus de déchets non traités et du phénomène de ruissellement. Les déchets et eaux usées rejetés dans les écosystèmes voisins des mangroves tels que les rivières, marais et fleuves peuvent arriver finalement dans la mangrove du fait des courants et de la marée.

Rejetés directement dans la mangrove, ils posent autant de problèmes.  Pollution visuelle d'abord, mauvaises odeurs, dégradation de la qualité de l'eau ... par les eaux usées chargés de produits chimiques divers issus des activités domestiques et industriels. Les zones de mangroves les plus à risque sont celles en aval des ports commerciaux (pollution importante par les hydrocarbures : stockage dans ces zones, et fréquentation fluviale importante...).

En Asie, les mangroves peuvent aussi être détruites pour laisser la place à des rizières, des exploitations agricoles ou des marais salants. Dans les régions très arides, la mangrove est coupée davantage que la surface nécessaire aux marais salants car il faut du bois pour faire bouillir l'eau salée pour récupérer le sel. En Guyane, les zones de mangroves les plus à risques sont celles à proximité des rizières de Mana (menace par les phytosanitaires utilisés en grande quantité). 


EN RESUME

 

Barrière naturelle contre les tsunamis, réservoir immense en matière de biodiversité, « super-marché » naturel pour certaines populations, la mangrove est en danger.

Véritable lien entre la terre et la mer, la mangrove est l’un des premiers écosystèmes à subir ce changement climatique notamment le réchauffement et la montée des océans. Dans le cas cependant où elle disparaîtrait, c’est bien sûr tout un écosystème qui serait mis à mal. Un écosystème dont le rôle est primordial tant d’un point de vue économique qu’environnemental. Or, bien des populations ont déjà fait les frais de la destruction des forêts de mangroves 
Ces derniers peuvent faire l’objet d’une exploitation à grande échelle comme ce fut le cas au Nigeria où ils étaient utilisés pour les houillères. Bien que la demande de charbon ait ensuite baissé, le bois est encore exploité à des fins diverses notamment pour la construction de charpentes.

Une prise de conscience sur l’importance de la protection de cet écosystème qui se développe essentiellement dans les zones intertropicales a permit de mettre en place des projets concrets. l’ONG  Mangrove action project (MAP)*  est présente dans neuf pays, en Asie en Afrique et en Amérique Latine. La Map soutient des programmes de reforestation et d’éducation. Les enfants des écoles situées dans des zones de mangrove sont invités chaque année à participer à un concours le « Mangrove Art Calendar » dont l’objectif est de faire entendre la voix des enfants qui vivent dans ce milieu.
*
http://mangroveactionproject.org/french
En matière de restauration et reforestation, l’ONG met en place des programmes en partenariat avec les pêcheurs pour favoriser un développement durable. De nombreuses actions sont actuellement menées, notamment en Équateur, au Brésil, au Guatemala, en Thaïlande, au Sri-Lanka et en Malaisie. Les Sundarbans, en Inde et au Bengladesh, sont aménagées suivant un système d’écrémage depuis 1892-1893, date à laquelle le premier plan d’aménagement forestier a été mis en œuvre. Le système s’est avéré excellent pour l’aménagement durable de cet écosystème. Dans les SUNDARBANS des coupes annuelles distinctes sont établies pour l’extraction de bois d’œuvre, de bois de feu et de bois à pâte.

 

Aujourd’hui, cette mangrove est l’une des plus grandes. Elle est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987 et est connue pour la richesse de sa faune, qui comprend 260 espèces d’oiseaux, le tigre du Bengale et d’autres espèces menacées comme le crocodile marin et le python indien.
PLANTES, SENS & ESSENCES

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